Présentation des arbres

Préambule

L’arbre est apparu autour du dévonien (env. 360 millions d’années) et cette forme verticale serait le résultat de compétition entre les végétaux vis-à-vis de l’accès à la lumière.

L’arbre est constitué d’un tronc et de branches capables de produire du bois, tissu végétal formé par un mélange de lignine, de cellulose et d’hémicellulose. Si toutes les plantes, même les herbacées, produisent de la lignine pour assurer leur rigidité et permettre leur croissance en hauteur, seuls les arbres ont une croissance en épaisseur grâce à la présence de méristèmes et de tissus secondaires.

Dans ce travail, cette définition stricte de l’arbre est élargie à la notion de plante arborescente qui regroupe toutes les plantes érigées, autoportantes, qui peuvent atteindre une hauteur de 5 m et un diamètre de 10 cm à 1.3 m de hauteur. Concrètement cette définition conduit à regrouper avec les arbres, certains palmiers, pandanus et quelques fougères arborescentes.

Étudier les arbres

L’étude des arbres est un vaste champ qui relève de disciplines diverses. Les informations relevées peuvent concerner l’individu lui-même au travers de la mesure de différents organes ou sa localisation dans la forêt et plus largement vis-à-vis de l’environnement. La compilation de ces informations dans les bases de données et leur intégration dans des modèles d’analyses permettent de mieux cerner l’auto-écologie des espèces et de fournir des portraits quant à leur place dans le fonctionnement de la forêt. Cette acquisition est perpétuelle et chaque observation, même sur les espèces les plus communes, vient renforcer notre connaissance générale de ces organismes.

Dans le projet Niamoto, nous capitalisons toutes ces données au fur et à mesure de nos travaux en forêt, notamment lors de la mise en place des parcelles. Le nom scientifique (taxon) constitue la clef de toutes les études. La précision de l’identification est donc fondamentale puisqu’elle conduit à regrouper toutes les autres données collectées. Elle est réalisée par des botanistes experts de la flore de Nouvelle-Calédonie qui identifient directement l’arbre sur le terrain ou prélèvent un échantillon pour l’identifier ultérieurement au laboratoire en le comparant aux spécimens stockés dans l’herbier de la Nouvelle-Calédonie (NOU). Dans certains cas, des morceaux de feuilles sont desséchés lentement pour permettre de procéder à des analyses génétiques ultérieures. Le nom scientifique est conforme au référentiel Florical qui suit la classification taxonomique internationale, notamment l’APG IV pour les angiospermes.

Catégorie Type de données
Nom scientifique Taxon selon référentiel Florical
Localisation Coordonnées, strate (sous-bois, sous-canopée, canopée, émergent)
État Diamètre, Hauteur, Nombre de tiges, Phénologie (stérile, bouton, fleur, fruit)
Traits fonctionnels Densité de bois (WD), Surface foliaire (LA), Surface foliaire spécifique (SLA), Épaisseur de la feuille (LT), Matière sèche foliaire (LDMC), Epaisseur d’écorce (TB)

Les arbres de Nouvelle-Calédonie

Les arbres comptent actuellement 1 208 taxons, soit environ 1/3 de la flore indigène de la Nouvelle-Calédonie, répartis dans 1 146 espèces, 276 genres et 92 familles. Ces arbres sont des gymnospermes (38), des monocotylédones (29 palmiers et 13 pandanus), des fougères arborescentes (8) et des angiospermes (1 162) parmi lesquelles 71 angiospermes basales. Ils sont pour la plupart endémiques (1 093 taxons, soit plus de 90 % de la flore des arbres) et parmi eux 220 appartiennent à des genres endémiques et 8 aux familles endémiques de Nouvelle-Calédonie : Amborellaceae (1), Oncothecaceae (2) et Phellinaceae (5).

  • En moyenne, la flore des arbres compte environ 58 % de taxons communs selon les sept formes de rareté établies par Rabinowitz, c’est-à-dire en considérant à la fois l’étendue géographique, l’étendue de la niche écologique et la densité locale des populations. A l’opposé moins de 3 % des arbres sont très rares selon ces trois composantes (cf. Delassus, 2018)
  • Environ 120 taxons d’arbres sont hyper-dominants et comptent pour plus de 50 % de notre jeu d’occurrence de 131 518 arbres. A l’inverse, les 776 taxons les moins fréquents ne comptent que pour 20 % de ce jeu d’occurrence (cf. Birnbaum et al., 2015)
  • La hauteur moyenne mesurée sur 3 566 arbres appartenant à 385 taxons est de 12.1 m [2.7-44.2 cm]. Une vingtaine de taxons peuvent dépasser la hauteur de 30 m (e.g. Semecarpus atra, Cunonia austrocaledonica, Apodytes clusiifolia, Kermadecia sinuata, Diospyros macrocarpa, Agathis moorei) et seul le genre Auraucaria dépasse la hauteur de 40 m (cf. Blanchard, 2016)
  • Le diamètre moyen (DBH>10 cm) mesuré sur 48 220 arbres appartenant à 999 taxons est de 18.8 cm [10-249.9 cm]. Une trentaine de taxons atteignent 1 m de diamètre (e.g. Geissois racemosa, Arillastrum gummiferum, Montrouziera cauliflora, Planchonella sphaerocarpa ou encore Agathis lanceolata)
  • La surface foliaire (LA) moyenne mesurée sur 906 arbres appartenant à 232 taxons est de 61.8 cm2 [0.27-1322]
  • La surface foliaire spécifique (SLA) moyenne mesuré sur 904 arbres appartenant à 232 taxons est de 10.2 m2.kg-1 [3.1- 46.8]
  • L'épaisseur moyenne des feuilles (LT) mesurée sur 903 arbres appartenant à 230 taxons est de 282.4 μm [92-629.8]
  • La matière sèche moyenne des feuilles (LDMC), ou rapport entre le poids sec et le poids frais des feuilles, calculé sur 911 appartenant à 234 arbres est de 397.3 mg.g-1 [114.3 - 659.1]
  • La densité moyenne de bois (WD)mesuré sur 2783 arbres appartenant à 435 taxons est de 0.66 g.cm3 [0.2 - 1.1 g.cm3]
  • L'épaisseur moyenne d'écorce (BT) mesurée sur 3624 arbres appartenant à 220 taxons est de 5.75 mm [0.05 - 37.5 cm]